Mat. 5:4 — La joie pour ceux qui pleurent

« Heureux les affligés, car ils seront consolés! »

L’attitude d’être pauvre en esprit (v. 3) prépare le coeur pour vraiment ressentir le poids de son péché, et en pleurer. La vraie joie ne peut être connue qu’en passant par cette profonde tristesse de repentance.

Quand Jésus parle des affligés, ici, il emploie un terme qui était toujours utilisé dans un contexte de pleurer de tristesse, de deuil (Mat. 9:15; Marc 16:10; Luc 6:25; 2 Cor. 12:21; Jac 4:9).

L’affliction, le deuil, dont il parle, n’est pas simplement le deuil d’avoir perdu quelqu’un de proche. Certainement, c’est relié, puisque le deuil et la tristesse sont causés par la mort, laquelle n’est que la conséquence du péché. Mais devant Dieu, le deuil qu’il recherche est le deuil sur l’ensemble de ce qui cause la mort, le péché, à la fois au niveau global et au niveau personnel.

Le Psalmiste démontre cette attitude quand il s’est exprimé ainsi: « Mes yeux répandent des torrents d’eaux, parce qu’on n’observe point ta loi » (Ps. 119:136).

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Jacques l’exprime ainsi:

« Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous. Nettoyez vos mains, pécheurs; purifiez vos coeurs, hommes irrésolus. Sentez votre misère; soyez dans le deuil et dans les larmes; que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse. Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera » (Jacques 4:8-10).

C’est pourquoi, être pauvre en esprit prépare quelqu’un à ressentir le poids de son péché. Être pauvre en esprit rempli les yeux de larmes à la pensée d’avoir offensé un Dieu si bon.

La consolation est directement rattachée au deuil et au pleur de l’affligée. En terme très direct, Jésus-Christ n’était pas venu avec un message de joie initiale, mais de pleurs et d’affliction. Il est venu en proclamant: « repentez-vous, car le royaume de Dieu est proche » (Mat. 4:17).

Le royaume de Dieu, avec la joie, la paix, le bonheur, devait d’abord instiguer quelqu’un au pleur. La consolation promise avec le salut, est justement cela: la consolation. La consolation de ceux qui ont pleuré, de ceux qui étaient dans le deuil, de ceux qui ont ressenti leur misère.

Esaïe prophétisait la venue du Messie dans des termes de consolation.

« L’Esprit du Seigneur, l’Éternel, est sur moi, Car l’Éternel m’a oint pour porter de bonnes nouvelles aux malheureux; Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, Pour proclamer aux captifs la liberté, Et aux prisonniers la délivrance; Pour publier une année de grâce de l’Éternel, Et un jour de vengeance de notre Dieu; Pour consoler tous les affligés; Pour accorder aux affligés de Sion, Pour leur donner un diadème au lieu de la cendre, Une huile de joie au lieu du deuil, Un vêtement de louange au lieu d’un esprit abattu, Afin qu’on les appelle des térébinthes de la justice, Une plantation de l’Éternel, pour servir à sa gloire. » (Esaïe 61:1-3)

Un théologien a très bien saisi le sens de cette béatitude quand il a dit (à propos du Royaume): « ceux qui réclament connaître l’expérience de toutes ses joies sans ses larmes ne connaissent pas la nature du royaume de Dieu » (Carson, EBC, p. 133).

Combien d’’évangéliques’ se réjouissent de leur salut, se réjouissent en Dieu, sans être jamais passés par la vallée des pleurs, sans connaître le poids de leur péché, au point d’en avoir amèrement pleuré. De quel genre de salut parle-t-on, un salut de joie, sans pleurs?

Il n’en est pas ainsi de l’Evangile de Jésus-Christ. Le vrai bonheur passe par s’abaisser devant Dieu considérant la nature de nos péchés. L’abaissement devant Dieu passe obligatoirement par une profonde tristesse qu’un si grand mal ait été fait contre un Dieu si saint, si bon et si juste.

L’attitude de celui qui goûtera au bonheur éternel est donc une attitude de deuil face au péché.

« Les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c’est un esprit brisé: O Dieu! tu ne dédaignes pas un coeur brisé et contrit. » (Ps. 51:19)

À quand la dernière fois que vous avez pleuré sur votre péché? À quand la dernière fois que des larmes ont coulé sur votre joue de ce que le nom de Dieu était blasphémé par le péché du peuple de Dieu? Il y a une part de l’affliction qui est aussi de choisir l’opprobre de Christ. Les pleurs des opprimés.

Pierre avait renié le Seigneur, jusqu’à en faire « des imprécations et à jurer. » Mais, se souvenant de la parole que Jésus avait dite, il sortit et « pleura amèrement » (Mat. 26:74). La consolation du Seigneur devait passer par ces pleurs amers. Il n’y avait pas d’autres moyens que de sentir sa misère et en pleurer un bon coup pour être relevé de sa chûte et remis en fonction par le Seigneur (Jean 21).

SE REPENTIR VRAIMENT
OU S’ESQUIVER ET TROUVER DES EXCUSES

Le manque de pleurs en dit long dans plusieurs exemples que la Bible nous donne de gens qui ont péché, qui l’ont avoué, mais sans vraie repentance de coeur. Pensons à Adam et Eve, dans Genèse 3, qui étaient trop occupés à trouver des excuses pour être saisi par leur culpabilité, le reconnaître et en pleurer profondément et amèrement comme Pierre.

Plutôt que de pleurer amèrement, Adam trouva à dire: « La femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé » (Gen. 3:12). Prendre à coeur son péché aurait vite fait couler les larmes. Trouver une manière de blâmer Dieu pour ses actions gardent les yeux bien secs.

Pareillement pour la femme, son excuse était : « Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé » Gen. 3:13. Est-on surpris que les larmes ne sont pas venus aux yeux.

Le roi Saül aussi, dans 1 Samuel 15, avait désobéi au Seigneur, seulement, il était au départ bien satisfait de son niveau d’obéissance, car celle-ci était bien incomplète. Il s’était permis des écarts, ou plutôt, il avait permis le peuple de faire des écarts à tout ce que Dieu avait commandé. Mais ils avaient des bons buts pour ces écarts, se justifiait-il. Mais devant la confrontation de sa culpabilité, le roi Saül admit son péché, toutefois sans en trouver cause d’en pleurer amèrement, comme aurait fait Pierre. Plutôt, on voit qu’il voulait sauver face devant le peuple en demandant à Samuel de l’honorer devant le peuple. Prendre à coeur son péché et en être brisé au point d’en pleurer amèrement fera qu’on ne pensera pas à vouloir sauver face, bien au contraire.

Un dernier exemple peut être mentionné à partir du livre des Actes. Simon le magicien ayant démontré le fond de son coeur après sa profession de foi, Pierre le confronte sévèrement en disant:

« Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s’acquérait à prix d’argent ! Il n’y a pour toi ni part ni lot dans cette affaire, car ton cœur n’est pas droit devant Dieu. Repens-toi donc de ta méchanceté, et prie le Seigneur pour que la pensée de ton cœur te soit pardonnée, s’il est possible ; car je vois que tu es dans un fiel amer et dans les liens de l’iniquité. » (Act. 8:20).

Plutôt que de sentir sa misère au point d’en pleurer un bon coup, il a plutôt simplement esquiver sa responsabilité pour “pieusement” le refiler à Pierre. « Priez vous-mêmes le Seigneur pour moi, afin qu’il ne m’arrive rien de ce que vous avez dit » (Actes 8:24).

Il aurait été bon pour Adam et Eve, pour Saül, pour Simon le magicien, d’être affligé profondément. Ils auraient connu la consolation du Seigneur.

15 Car ainsi parle le Très-Haut, Dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint : J’habite dans les lieux élevés et dans la sainteté ; Mais je suis avec l’homme contrit et humilié, Afin de ranimer les esprits humiliés, Afin de ranimer les cœurs contrits.
16 Je ne veux pas contester à toujours, Ni garder une éternelle colère, Quand devant moi tombent en défaillance les esprits, Les âmes que j’ai faites.
17 ¶ A cause de son avidité coupable, je me suis irrité et je l’ai frappé, Je me suis caché dans mon indignation ; Et le rebelle a suivi le chemin de son cœur.
18 J’ai vu ses voies, Et je le guérirai ; Je lui servirai de guide, Et je le consolerai, lui et ceux qui pleurent avec lui.
19 Je mettrai la louange sur les lèvres. Paix, paix à celui qui est loin et à celui qui est près ! dit l’Eternel. Je les guérirai.
20 Mais les méchants sont comme la mer agitée, Qui ne peut se calmer, Et dont les eaux soulèvent la vase et le limon.
21 Il n’y a point de paix pour les méchants, dit mon Dieu.

Esaie 57:15-21

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